Cherreads

Chapter 1 - Le Pacte du Regret

Le dernier souffle d'Alex sentait le gravier et l'essence. Une douleur fulgurante avait déchiré son vieux corps, puis plus rien. L'obscurité.

Pendant un moment qui sembla à la fois éternel et instantané, il flotta dans un néant silencieux. Puis, une conscience émergea. Non, pas tout à fait une conscience. Un regret. Une unique pensée qui tournait en boucle, plus forte que la douleur, plus amère que la mort : J'ai gâché ma vie.

Des images défilèrent, non pas comme dans un film, mais comme des éclats d'une mosaïque brisée. Le visage ridé de Maria, sa femme, rencontrée à vingt ans lors d'une foire agricole. Leur mariage, convenable. La naissance de leur fils, Jean. Les années qui avaient passé, aussi régulières et prévisibles que le tic-tac de la vieille horloge du salon. Il avait été un bon mari, un père décent, un grand-père affectueux. Il avait aimé Maria, d'une certaine manière. Mais cette affection tranquille n'avait jamais étouffé le désir plus sauvage, plus ardent, qui couvait en lui. Ce désir pour la courbe d'une nuque, le mystère d'un sourire, la promesse d'une aventure qui n'était jamais venue. Il avait toujours été trop prudent, trop responsable.

Trop lâche, pensa-t-il avec une amertume qui transcendait la mort.

Puis, une lumière. Non pas une lumière éblouissante et divine, mais une lueur laiteuse et diffuse qui se densifia lentement pour former un espace. Il n'y avait ni sol, ni plafond, seulement une blancheur infinie et douceâtre. Et au centre de cette blancheur, une silhouette se matérialisa.

C'était une femme. Non, c'était bien plus qu'une femme. Sa beauté était à la fois parfaite et profondément dérangeante. Ses cheveux, d'un noir d'ébène, tombaient en cascade jusqu'à ses hanches, semblant absorber la lumière alentour. Ses yeux étaient d'un violet irréel, sans pupilles visibles, et son regard perçait l'âme même d'Alex. Elle était vêtue d'une robe simple qui épousait des formes à rendre fou n'importe quel mortel, une promesse de plaisir et de danger mêlés.

« Alex, » dit sa voix. Elle ne venait pas de sa bouche, mais résonnait directement dans l'esprit d'Alex, douce comme une caresse et froide comme l'acier. « Soixante-douze ans d'une vie… convenable. Tu meurs avec le goût du regret sur ta langue fade. C'est une épice que j'apprécie. »

Alex, ou du moins, la conscience qui avait été Alex, essaya de parler. Aucun son ne sortit, mais sa pensée fut entendue. Qui êtes-vous ? Où suis-je ?

Un sourire effleura les lèvres parfaites de l'être. « Je porte de nombreux noms. Pour toi, je serai ta Bienfaitrice. Ton Salut. Ou ta Condamnation. Cela dépend du point de vue. Quant à cet endroit… c'est l'Antichambre. Le lieu où les âmes aux désirs inassouvis viennent mijoter. »

Je suis mort. Ce n'était pas une question.

« Oui. De manière plutôt pathétique, un bus. Une fin peu glorieuse pour les fantasmes qui brûlaient en toi. » Elle fit un pas vers lui, et bien qu'il n'ait plus de corps, Alex sentit une présence écrasante. « Mais je suis magnanime. Je propose un marché. Une seconde chance. »

Une seconde chance ? L'espoir, une émotion qu'il n'avait plus ressentie depuis des décennies, jaillit en lui.

« Le corps qui fut le tien est usé, bonne à rien. Mais je peux t'en offrir un autre. Jeune, vigoureux, plein de potentiel. Un corps dans lequel tu pourras enfin… assouvir tes appétits. »

L'image d'un jeune homme aux cheveux bruns et au sourire timide apparut dans l'esprit d'Alex. Alexandre. Son petit-fils adoré. Une vague d'horreur submergea son espoir. Non… pas lui.

« Si. Lui, » confirma la déesse, lisant ses pensées comme un livre ouvert. « Son âme est… malléable. Plus facile à déloger que la tienne ne l'était. Et qui mieux que toi, qui l'aimes, pourrait honorer sa mémoire en vivant pleinement la vie qu'il n'aura pas eue ? »

La logique était perverse, torve. Et pourtant, elle trouvait un écho dans le regret qui rongeait Alex. Vivre. Recommencer. Être jeune. Avoir la force de séduire, de conquérir.

« Ce n'est pas tout, » poursuivit la tentatrice. « Dans ce nouveau monde, je te donnerai un outil. Une clé pour déverrouiller les cœurs et les esprits. »

Elle leva une main délicate. Une lueur violette, identique à la teinte de ses yeux, jaillit de son index et traversa l'espace pour toucher la conscience d'Alex. Une sensation de feu et de glace l'envahit, et un flot de connaissances lui brûla l'esprit.

Œil de l'Empathie Divin.

Le pouvoir de percevoir les émotions, puis, avec l'entraînement, de lire les pensées les plus superficielles, et enfin, au sommet de la maîtrise, d'influencer les sentiments eux-mêmes.

« C'est un don précieux, Alex. Utilise-le pour bâtir le harem dont tu as toujours rêvé. Comprends les femmes, devine leurs désirs, rends-toi indispensable à leur bonheur. »

Le tableau qu'elle peignait était irrésistible. La jeunesse. Le pouvoir. La promesse de l'amour et du désir, autant de fois qu'il le voudrait.

Et… le prix ? demanda Alex, méfiant malgré son envie.

Le sourire de la déesse s'élargit, révélant des dents d'une blancheur parfaite. « Le prix ? Tu deviens mon instrument. Mon… projet. Tu vivras cette vie pour moi. En mon nom. Et quand le moment sera venu, tu me rendras ce qui m'appartient. »

Les termes étaient vagues, menaçants. Mais face à l'alternative – l'oubli éternel, ou pire, l'éternel regret dans cette Antichambre blanche – le choix lui semblait évident. Il voyait déjà les visages, les courbes, les sourires. Il sentait la force revigorante de la jeunesse dans ses membres imaginés.

J'accepte, pensa-t-il, avec une ferveur qu'il n'avait connue que dans ses rêves les plus fous.

Le visage de la déesse fut illuminé par une expression de triomphe sinistre. « Parfait. »

La blancheur autour d'eux explosa en un tourbillon de lumière violette. Alex sentit son être être tiré, étiré, comprimé. La douleur était atroce, comme si on l'arrachait à la réalité même. Il eut le temps de voir une dernière image : les yeux violets de la déesse qui le regardaient non pas avec bienveillance, mais avec la satisfaction d'un artisan venant de terminer la première étape d'une œuvre complexe.

Puis, le noir.

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La première sensation fut la douleur. Une céphalée lancinante qui pulsait derrière ses tempes. La deuxième fut l'étroitesse. Comme si son corps était devenu trop petit, trop… dense.

Alex ouvrit les yeux avec difficulté. La lumière filtrant à travers une fenêtre lui fit plisser les paupières. Il n'était plus dans la blancheur. Il était allongé dans un lit, sous une couverture bleu marine. Les murs étaient couverts de posters de jeux vidéo et de groupes de musique qu'il ne reconnaissait pas. Une odeur de jeune homme, de lessive et d'un déodorant bon marché flottait dans l'air.

Il leva une main devant son visage.

Ce n'était pas sa main.

La peau était lisse, sans les taches brunes et les veines saillantes qui avaient marqué la sienne. Les doigts étaient longs, fermes. Il porta la main à son visage, sentant une joue lisse, un menton carré couvert d'un duvet naissant. Ses cheveux étaient plus épais, plus doux.

Un vertige s'empara de lui. Il se souleva péniblement sur ses coudes. La pièce tournait. C'était la chambre d'Alexandre. Il la reconnaissait, lui qui y avait joué aux Lego avec son petit-fils il n'y avait pas si longtemps.

« Alex ? Tu es réveillé ? »

La voix venait de la porte. C'était Jean, son fils. Son fils. Mais dans les yeux de Jean, il n'y avait pas l'inquiétude d'un fils pour son père. Il y avait l'inquiétude d'un père pour son fils.

« Tu nous as fait une sacrée peur, fiston, » dit Jean en s'approchant. Son visage, que Alex avait toujours vu avec l'affection d'un père vieillissant pour son fils devenu adulte, était maintenant marqué par l'angoisse. « Le médecin a dit que c'était une simple syncope, une hypoglycémie peut-être, mais… tu es pâle. »

Alex – non, il devait être Alexandre maintenant – ouvrit la bouche. Sa voix lui échappa, étrangement plus aiguë, plus jeune. « P-Papa ? »

Le mot lui brûla la langue. Voir son propre fils comme son père… C'était une torsion de la réalité qui le rendait nauséeux.

« Je vais bien, » réussit-il à articuler. « Juste un peu étourdi. »

Jean lui sourit, un sourire soulagé qui creusa des rides que Alex ne lui connaissait pas. « Repose-toi. Ta mère te montera un plateau dans un moment. »

Quand Jean quitta la pièce, Alex se laissa retomber sur l'oreiller, le cœur battant la chamade. C'était réel. Il était dans le corps d'Alexandre. Son petit-fils de dix-huit ans. Où était l'âme du garçon ? Était-elle partie paisiblement ? Avait-elle été… évincée ? Un frisson de culpabilité le traversa, aussitôt étouffé par un afflux d'excitation juvénile. Il respira profondément, sentant l'air emplir des poumons puissants. Il bougea ses orteils, ses doigts. Tout fonctionnait parfaitement.

Et puis, il se souvint. Le pouvoir.

Il se concentra, fermant les yeux. Rien ne se passa. Comment ça marchait ? La déesse avait dit… percevoir les émotions.

Il rouvrit les yeux et fixa la porte close. Il se concentra sur Jean, de l'autre côté. Il imagina son fils… son père… inquiet. Soudain, une légère sensation de picotement derrière ses yeux. Une faible lueur, à peine perceptible, sembla émaner de la porte. Une lueur d'un bleu inquiet, teintée de jaune soulagé.

C'était ça. L'Œil de l'Empathie.

Un rire, étranglé et hystérique, lui échappa. C'était vrai. Tout était vrai. Il était jeune. Il avait un pouvoir. Le monde était son huître.

Il se leva et se dirigea en titubant vers le miroir accroché derrière la porte. Le visage qui le regardait était celui d'Alexandre, mais les yeux… les yeux étaient les siens. Des yeux de vieil homme, pleins de convoitise et de ruse, logés dans un visage juvénile.

« Alexandre, » murmura-t-il à son reflet. Le nom sonna faux. C'était une peau qu'il devait porter, un costume.

Son regard tomba sur une photo sur le bureau. Alexandre, souriant, entouré de ses amis du lycée. Il y avait des garçons, et surtout, des filles. De jolies filles, riantes, insouciantes. L'une d'elles, une brune aux yeux rieurs, attira son regard. Elle avait posé sa main sur l'épaule d'Alexandre sur la photo.

Un sourire lent étira les lèvres d'Alex. La culpabilité avait disparu, balayée par le vent violent du désir et de la possibilité.

« Très bien, ma Bienfaitrice, » chuchota-t-il. « Commençons. »

Il fixa la photo de la brune et se concentra. La même picotement derrière ses yeux. Rien pour l'instant. Le pouvoir devait être faible, ou la distance trop grande. Mais peu importait. Il avait le temps. Il avait la jeunesse.

Le vieux renard était mort. Un nouveau prédateur venait de naître. Et son territoire de chasse s'étendait devant lui, plein de promesses.

Mais alors qu'un plan commençait à se former dans son esprit – trouver cette fille, utiliser son pouvoir, faire ses premières armes – un frisson soudain le parcourut, un froid qui n'avait rien à voir avec la température de la chambre. Il eut la brève et terrifiante impression que des yeux violets le regardaient depuis l'ombre du miroir, attendant, pleins d'une faim immémoriale.

Le prix. Il avait oublié le prix.

Puis la sensation disparut, laissant derrière elle un silence lourd et une question qui résonna dans son crâne : que lui arriverait-il quand la Déesse déciderait de percevoir sa dette ?

Chapter 1: The Regret Pact

Alex's last breath smelled of gravel and gasoline. A blistering pain had torn his old body, and then nothing. Darkness.

For a moment that seemed both eternal and instantaneous, he floated in a silent nothingness. Then, a consciousness emerged. No, not quite a conscience. A regret. A single thought that turned in a loop, stronger than pain, more bitter than death: I wasted my life.

Images passed, not as in a film, but as shards of a broken mosaic. The wrinkled face of Maria, his wife, met at the age of twenty at an agricultural fair. Their marriage, suitable. The birth of their son, Jean. The years that had passed, as regular and predictable as the ticking of the old clock in the living room. He had been a good husband, a decent father, a loving grandfather. He had loved Maria, in a way. But this quiet affection had never stifled the wilder, more ardent desire that was brewing in him. This desire for the curve of a neck, the mystery of a smile, the promise of an adventure that had never come. He had always been too careful, too responsible.

Too cowardly, he thought with a bitterness that transcended death.

Then, a light. Not a dazzling, divine light, but a milky, diffuse glow that slowly became denser to form a space. There was no floor or ceiling, only an infinite, soft whiteness. And in the center of that whiteness, a silhouette materialized.

She was a woman. No, she was much more than a woman. Her beauty was both perfect and deeply disturbing. Her ebony-black hair cascaded down to her hips, seeming to absorb the light around. His eyes were unreal purple, with no visible pupils, and his gaze pierced Alex's very soul. She was dressed in a simple dress that espoused forms to drive any mortal insane, a promise of pleasure and danger mixed together.

"Alex," said his voice. It did not come from his mouth, but resonated directly in Alex's mind, soft as a caress and cold as steel. "Seventy-two years of a decent life. You die with the taste of regret on your bland tongue. It's a spice that I like."

Alex, or at least the consciousness that had been Alex, tried to speak. No sound came out, but his thought was heard. Who are you? Where am I?

A smile touched the perfect lips of the being. "I have many names. For you, I will be your Benefactor. Your hello. Or your condemnation. It depends on the point of view. As for this place... it's the Antichamber. The place where souls with unfulfilled desires come to simmer."

I'm dead. It wasn't a question.

"Yes. In a rather pathetic way, a bus. An inglorious ending to the fantasies that burned within you." She took a step towards him, and although he no longer had a body, Alex felt an overwhelming presence. I propose a market. A second chance."

A second chance? Hope, an emotion he had not felt for decades, springs up in him.

"The body that was yours is worn out, good for nothing. But I can give you another one. Young, vigorous, full of potential. A body in which you can finally... satisfy your appetites."

The image of a young man with brown hair and a shy smile appeared in Alex's mind. Alexander. His grandson loved. A wave of horror overwhelmed his hope. No... not him.

"Yes. He," the goddess confirmed, reading her thoughts like an open book. "Her soul is... malleable. Easier to dislodge than yours was. And who better than you, who love him, could honor his memory by living life to the fullest?"

The logic was perverse, twisted. And yet, she found an echo in Alex's regret. Live. Start again. Be young. Have the strength to seduce, to conquer.

"That's not all," the temptress continued. "In this new world, I'll give you a tool. A key to unlocking hearts and minds."

She raised a delicate hand. A purple glow, identical to the hue of his eyes, burst out of his index finger and crossed space to touch Alex's consciousness. A sensation of fire and ice invaded him, and a flood of knowledge burned his mind.

Eye of Divine Empathy.

The power to perceive emotions, then, with training, to read the most superficial thoughts, and finally, at the height of mastery, to influence the feelings themselves.

"It's a precious gift, Alex. Use it to build the harem you've always dreamed of. Understand women, guess their desires, make yourself indispensable to their happiness."

The painting she painted was irresistible. Youth. Power. The promise of love and desire, as many times as he wants.

And... the price? asked Alex, suspicious despite his desire.

The goddess's smile widened, revealing perfectly white teeth. You become my instrument. My... project. You will live this life for me. And when the time comes, you will give me back what belongs to me."

The terms were vague, threatening. But faced with the alternative - eternal oblivion, or worse, eternal regret in this white room - the choice seemed obvious to him. He already saw the faces, the curves, the smiles. He felt the invigorating force of youth in his imagined limbs.

I accept, he thought, with a fervor he had known only in his wildest dreams.

The goddess's face was illuminated by a sinister expression of triumph. "Perfect."

The whiteness around them exploded into a whirlwind of purple light. Alex felt his being pulled, stretched, compressed. The pain was excruciating, as if it were being snatched from reality itself. He had time to see one last image: the goddess's purple eyes staring at him not with kindness, but with the satisfaction of a craftsman who had just completed the first stage of a complex work.

Then, the black.

---

The first sensation was pain. A throbbing headache pulsating behind her temples. The second was narrowness. As if his body had become too small, too... dense.

Alex opened his eyes with difficulty. The light filtering through a window made him wrinkle his eyelids. He was no longer white. He was lying in a bed, under a navy blue blanket. The walls were covered with posters of video games and music groups he did not recognize. A smell of young man, laundry and cheap deodorant floated in the air.

He raised a hand in front of his face.

It wasn't his hand.

The skin was smooth, without the brown spots and protruding veins that had marked his. The fingers were long, firm. He put his hand to his face, feeling a smooth cheek, a square chin covered with a budding down. Her hair was thicker, softer.

A dizziness seized him. He lifted himself painfully on his elbows. The room was spinning. It was Alexander's room. He recognized her, he who had played Lego there with his grandson not so long ago.

"Alex? Are you awake?"

The voice came from the door. It was Jean, his son. His son. But in John's eyes, there was no son's concern for his father. There was a father's concern for his son.

"You scared us a hell of a scare, son," said Jean as he approached. His face, which Alex had always seen with the affection of an aging father for his adult son, was now marked by anguish. "The doctor said it was a simple syncope, hypoglycemia perhaps, but... you are pale."

Alex - no, he must have been Alexander now - opened his mouth. His voice escaped him, strangely sharper, younger. "P-Papa?"

The word burned his tongue. Seeing his own son as his father... It was a twist of reality that made him nauseous.

"I'm fine," he managed to articulate. "Just a little dizzy."

Jean smiled at him, a relieved smile that wrinkled him that Alex didn't know. Your mother will set you up a tray in a moment."

When Jean left the room, Alex fell back on the pillow, his heart pounding. It was real. He was in Alexander's body. His eighteen-year-old grandson. Where was the boy's soul? Did she leave peacefully? Had she been... evicted? A shiver of guilt ran through him, immediately smothered by an influx of youthful excitement. He took a deep breath, feeling the air fill with powerful lungs. He moved his toes, his fingers. Everything worked perfectly.

And then he remembered. Power.

He concentrated, closing his eyes. Nothing happened. How did it work? The goddess had said... perceive emotions.

He opened his eyes and stared at the closed door. He focused on Jean, on the other side. He imagined his son... his father... worried. Suddenly, a slight tingling sensation behind his eyes. A faint glow, barely perceptible, seemed to emanate from the door. A glow of a restless blue, tinged with relieved yellow.

That was it. The Eye of Empathy.

A laugh, strangled and hysterical, escaped him. That was true. Everything was true. He was young. He had power. The world was his oyster.

He got up and staggered towards the mirror hanging behind the door. The face that looked at him was that of Alexander, but the eyes... the eyes were his. Old man's eyes, full of lust and cunning, lodged in a youthful face.

"Alexander," he whispered at his reflection. The name sounded false. It was a skin he had to wear, a suit.

His eyes fell on a picture on the desk. Alexander, smiling, surrounded by his high school friends. There were boys, and most importantly, girls. Pretty girls, laughing, carefree. One of them, a laughing-eyed brunette, caught his eye. She had put her hand on Alexander's shoulder in the photo.

A slow smile stretched Alex's lips. Guilt had disappeared, swept away by the violent wind of desire and possibility.

"Very well, my Benefactor," he whispered. "Let's start."

He stared at the brunette's photo and concentrated. The same tingling behind his eyes. Nothing for now. The power had to be small, or the distance too great. But it didn't matter. He had time. He had youth.

The old fox was dead. A new predator had just been born. And his hunting ground stretched out before him, full of promise.

But as a plan began to form in her mind - to find that girl, to use her power, to make her debut - a sudden shiver ran through her, a cold that had nothing to do with the temperature of the room. He had the brief and terrifying impression that purple eyes were looking at him from the shadow of the mirror, waiting, full of immemorial hunger.

The price. He had forgotten the price.

Then the sensation disappeared, leaving behind a heavy silence and a question that reverberated through her skull: what would happen to her when the Goddess decided to collect her debt?

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